Julie Picard

Quotidiens et autres matières ligneuses

6 octobre au 12 novembre 2023

Vernissage en présence de l’artiste le vendredi 13 octobre de 17 h à 20 h

Québec – Galerie.a présente l’exposition Quotidiens et autres matières ligneuses de Julie Picard. Réunissant les œuvres inédites de quatre corpus, cette exposition permet d’explorer le potentiel du papier tout en interrogeant les notions de temps, de territoire et, surtout, de matière. Cette recherche en atelier s’inscrit dans une réflexion qui se déploie depuis plus de 25 ans autour de l’impermanence des choses, métaphore de notre propre existence. 

Adoptant une approche écologique affirmée, Julie Picard se base sur un processus de récolte de la matière papier intégrant de surcroît la récupération et le détournement. Ses récoltes font aussi état d’une époque et d’un lieu interagissant toujours dans un rapport de proximité avec l’artiste.

Ce papier trouvé, cette matière, est sollicité par de multiples procédés protéiformes. Porteur de fragilité et d’éphémère, le papier propose à la fois la matière et la manière de faire. Rétrospectivement, dans son parcours, le papier imprimé a subi des transformations à travers le pliage, le découpage, le collage et l’assemblage.

Quotidiens et autres matières ligneuses

Quotidiens et autres matières ligneuses est une invitation à réfléchir sur notre propre identité matérielle et sociale, à travers l’univers de quatre corpus, chacun explorant le papier de manière unique.

L’été dernier, Julie Picard a assisté par hasard à la séance de nettoyage d’une colonne Morris près de chez elle. Ce spectacle coloré et fortuit produisait des croûtes en strates de papier qu’un technicien détachait telle l’écorce retirée d’un arbre. Cette épaisse peau, ramenée à l’atelier, a donné lieu à deux séries : Dentrochronologies-Offset et Écorces-Offset.

Dans la série Dentrochronologies-Offset, en utilisant l’eau comme outil de bouleversement, Julie Picard a découpé des bandes à partir de la croûte pour l’enrouler en des formes organiques exposant la tranche du papier, sublimant la ligne plutôt que la surface. Le papier s’est métamorphosé et embobiné en rondin évoquant les cernes d’un arbre, témoignant de la décennie d’affiches accumulées, mais aussi des cycles de mouillage et de séchage en atelier.

Dans Écorces-Offset, la croûte de papier met en lumière la surface colorée des imprimés publicitaires. Les cercles de papier révèlent, une fois sablés, des strates de couleurs et de typographies et offrent une expérience picturale où la forme et la texture-surface évoquent la colonne Morris, lieu de la genèse de l’objet.

Pour la production de Les Lignes Contours, Julie Picard explore la découpe répétitive de contours, créant des paysages, des ondes liquides et des formations géologiques à partir de papiers de grand format, notamment des cartes topographiques, forestières et marines. Elle y poursuit l’utilisation d’un contour spécifique, la silhouette de sa fille, intégrant son entourage à sa pratique et ancrant un nouveau glanage du quotidien dans sa production.  

Finalement, le corpus Promesses du Temps Perdu composé de neuf boîtiers présente des montages intimes de paysages imaginaires, empilant des rubans de papier, de livres et de matières récoltées dans son quartier. Ici, travaillant son matériau de prédilection, le quotidien (journal), elle crée une série de petites fenêtres où géologies, vagues ou dépôts sédimentaires de papier évoquent tant l’infiniment petit que le monumental de la nature.

À travers ces différentes expériences du papier, Julie Picard révèle la capacité du matériau à se transformer sans limites, tout en conservant sa mémoire et son histoire. Les œuvres de papier découpé, moulé, empilé et accumulé révèlent l’acte de laisser sa trace, mais surtout, affirment un travail sur le temps, long et lent.

Julie Picard, en bref

Artiste de l’édition 2021 du Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, Julie Picard a été présentée en solo à la Galerie d’art d’Outremont, à la Galerie d’art du Parc de Trois-Rivières, à la Maison de la culture Pointe-aux-Trembles, au Centre culturel Notre-Dame-de-Grâce à Montréal et au Vieux Presbytère de Saint-Bruno-de-Montarville. On a également pu voir ses œuvres à la Foire Papier, à la Foire en art actuel de Québec et à la Foire d’art contemporain de Saint-Lambert. Mentionnons ses participations aux triennales internationales Global Paper, à Deggendorf en Allemagne, et Papier, à Charmey en Suisse, de même qu’à l’événement Géopolitiques à la Galerie d’art Stewart Hall de la commissaire Katia Basta et à Familiarités à la Fondation Molinari de la commissaire Madeleine Forcier.

Artiste active depuis le tournant du millénaire, Julie Picard détient un baccalauréat et une maîtrise en arts visuels de l’Université Laval. Sélectionnée par le CALQ pour représenter la discipline sculpture à Beyrouth lors des Jeux de la Francophonie 2009, elle y obtiendra le premier prix du jury international. Ses expositions ont été présentées en solo au Québec et lors de nombreuses expositions collectives au Canada, en France, en Belgique, en Suisse, en Allemagne, en Pologne et au Liban; son parcours est également ponctué de plusieurs résidences. Son travail a fait l’objet d’une monographie présentant un corpus d’œuvres de papier de 1998 à 2014, intitulée Mettre sur papier et publiée en 2015. C’est à Québec qu’on peut y voir ses œuvres permanentes de papier Roche-Papier-Ciseaux à la Commission géologique du Canada et Empreintes au Centre culture et environnement Frédéric Back.

L’artiste remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec.